Un accord à sens unique et protectionniste ?

Publié le par UMP Quebec

entente.jpgQuatre nouveaux ARM (Arrangement de Reconnaissance Mutuelle) France-Québec ont été signés il y a quelques jours pour les professions suivantes : médecins, pharmaciens, dentistes, sages-femmes.
Ces accords ont pour but de faciliter l'installation de ces professionnels de la santé, en France ou au Québec, en reconnaissant mutuellement les diplômes, suite à un travail de fond sur le contenu des enseigenements. 
Toutefois, le précédent accord concernant les vétérinaires, est particulièrement malmené par le Québec et l'Ordre des Vétérinaires du Québec; les conditions imposées aux vétérinaires français sont telles, qu'elles rendent quasi-impossible l'application de l'accord, alors que les vétérinaires québécois peuvent s'installer en quelques semaines en France.
Il semblerait que ce protectionnisme touche maintenant les 4 professions récemment autorisées par les accords France-Québec. Un médecin français se voit dicter de telles conditions par l'Ordre des Médecins du Québec, qu'il va mettre des années à pouvoir exercer librement.

François Lubrina, Vétérinaire et Elu UMP à l'AFE, a réagi aujourd'hui à cet accord à sens unique qui pénalise nos compatriotes.


JT Radio-Canada RDI 9 dec 2009

COMMUNIQUÉ DE PRESSE :
Grave mésentente France-Québec sur la reconnaissance des diplômes: Vive indignation de médecins français voulant travailler au Québec, alors que l'installation de leurs collègues québécois devient très facile en France/

MONTRÉAL, le 9 déc. /CNW Telbec/ - Alors que le Québec souffre d'une sérieuse pénurie de médecins, l'Arrangement de Reconnaissance Mutuelle ( ARM) signé par l'Ordre des médecins français et le Collège des médecins du Québec le 27 novembre dernier à Paris, devait, selon le Premier ministre Jean Charest : "... améliorer grandement la mobilité de la main d'œuvre dans le secteur de la santé".

Si cette louable et ferme volonté du Premier ministre québécois est tout à fait fondée pour combler la pénurie de médecins au Québec, il en va tout autrement de son application au niveau ordinal. Une lecture attentive de cet ARM révèle, en effet, une nette inégalité de traitement entre les médecins diplômés français et les québécois.

Désormais le médecin québécois, sur simple dépôt de son dossier auprès du Conseil de l'Ordre du département français dans lequel il souhaite s'installer et au prix de quelques démarches administratives fort simples, peut librement exercer en pratique privée sur l'ensemble du territoire français (Antilles françaises comprises). Au contraire, le médecin français qui veut exercer au Québec devra se soumettre à une semaine d'observation (300 $), préalable à un stage d'évaluation de trois mois (12 000$) dans un cadre universitaire ou réglementé, le tout suivi d'un examen. En cas de succès, il se verra délivrer un permis restrictif d'exercice d'un an dans un établissement public, suivi d'un autre examen. Ou, et à défaut, cinq années de permis restrictif sans examen, mais toujours dans un cadre règlementé, pour exercer librement, enfin, la médecine au Québec.

François Lubrina, Conseiller élu à l'Assemblée des Français de l'Étranger (AFE) pour le Québec, qui a été un des pionniers et qui demeure un ardent promoteur de l'entente France-Québec de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles signée le 17 octobre 2008 à Québec, regrette vivement ce corporatisme médical qui nuit à la mobilité professionnelle :

"L'Ordre des médecins français a parfaitement joué le jeux de la transparence et de la réciprocité "permis sur permis". Ce n'est pas le cas du Collège des médecins du Québec qui, une fois encore, s'ingénie à compliquer l'accès aux diplômés français".

Par contre, le Dr Anne-Marie Jouan, cardiologue, ancienne interne des Hôpitaux de Paris, ne mâche pas ses mots : "Très peu de médecins français accèderont à la pratique au Québec dans ces conditions. C'est un accord de papier, sans impact réel, un plein succès pour la volonté corporatiste des instances médicales québécoises, une honte pour les signataires français. Quant aux patients québécois, ils ont encore quelques années devant eux pour trouver un médecin de famille et faire la queue à l'urgence des heures d'affilée".

Selon le Dr Jean-Louis Brunier, médecin généraliste français vivant au Québec : "Une différence d'accès aussi flagrante entre médecins français et québécois risque de favoriser un départ massif de médecins québécois attirés par des climats plus chaleureux, qui ne sera pas compensée par une arrivée de médecins français, accentuant encore plus la désertification médicale du Québec".

Pour le Dr Daniel Jagodzinski, dermatologue français vivant ici : "L'Ordre des médecins québécois continue de bloquer, dans les faits, toute homologation des diplômes français, tandis que la France ouvre largement ses portes aux médecins québécois".

Enfin, et selon Georges Mosser, Conseiller AFE en résidence à Québec : " L'objectif de l'entente France-Québec est loin d'être atteint, comme en témoigne les réactions négatives de médecins français résidant au Québec : il est paradoxal et regrettable qu'ils n'aient pas été étroitement associés à la rédaction de cet accord sensé faciliter la mobilité professionnelle. Cet ARM, conditionnel et parsemé d'obstacles côté québécois, inaugure un nouveau parcours du combattant pour les médecins français ! L'inverse du but recherché est atteint : en cette période de pénurie, les patients québécois devront encore patienter...".



DANS LA PRESSE :


SITE DE RADIO-CANADA

LA REACTION DU COLLEGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

A LIRE ÉGALEMENT :
LES MÉDECINS ÉTRANGERS

L'auteur de cet article peut en témoigner : ma meilleure amie, médecin-radiologue en Argentine n'a jamais pu exercer ici, il fallait qu'elle refasse toutes ses années de résidence... une manière détournée de lui répondre négativement,... et je n'ai toujours pas de médecin de famille, comme nombre de mes compatriotes...

 

Publié dans Société

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